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Utilisateur:Bleu d'Ambre/Brouillon

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John-Francis Lecoultre, né le 11 août 1905 au Locle, mort à Clarens (Commune de Montreux) le 13 janvier 1990, est un peintre, sculpteur et mosaïste suisse.

Biographie

John-Francis Lecoultre est né au Locle dans une famille d’artisans de haut niveau: son père, John-Henri (1872-1950), son oncle, Charles Pellaton (1889-1936) et une de ses sœurs, Violette (1903-1985), sont graveurs, horlogers, orfèvres. En 1906, la famille déménage à Clarens, localité célébrée par Rousseau et Byron, sur cette riviera aimée des touristes de la Belle Epoque. Après avoir terminé sa scolarité au Collège de Montreux, il retournera dans les Montagnes neuchâteloises pour se former à l’Ecole d’Art de la Chaux-de-Fonds, où l’a précédé sa sœur Violette.
Dans cette ville de haute culture, marquée par la présence de Charles l’Eplattenier (1874-1946) et  Le Corbusier (1887-1965), un événement artistique a peut-être déterminé le futur bijoutier à devenir peintre et sculpteur: la décoration de l’Hôtel de Ville du Locle par Ernest Biéler en 1922 (fresque Les Heures). Son chemin croisera à nouveau celui de Biéler en 1932 et 1933-34 puisqu’il fera partie de son équipe de mosaïstes pour La Paix, au Locle, et à Savièse (Valais), pour l’église Saint-Germain.
En 1925, J.- F. Lecoultre part à Paris pour se former. Il a vingt ans. Elève de Robert Wlérick (1882-1944), on ne sait pas si c’était à l’Ecole des Arts Appliqués ou à la Grande Chaumière, et de Henri Bouchard (1875-1960) à l’Académie Jullian ou aux Beaux-Arts, il fréquente aussi l’Académie Colarossi. Sa formation de bijoutier l’aide en lui fournissant un gagne-pain dans un quotidien spartiate. Jusqu’en 1939, son existence de rapin tirant le diable par la queue se déroule entre la capitale et la Suisse, entre peinture, sculpture (modelage) et arts décoratifs. Une de ses adresses parisiennes est connue: en 1931, il habite au 4 rue Alfred-Stevens, non loin de Montmartre; mais à cette époque, la scène artistique d’avant-garde s’est déplacée à Montparnasse, et il ignorera les révolutions picturales contemporaines, son style restant marqué par l’esthétique des années trente et son admiration pour Hodler et Biéler.
En 1931 et 1932, à Paris, le jeune artiste expose au Salon d’Automne. Entretemps, il a collaboré à la mosaïque La Paix de E. Biéler, collaboration qui se poursuivra sur le chantier de Saint-Germain de Savièse.
Fort de cette expérience, il créera à son tour. Sa mosaïque, Les Rois Mages, sera exposée en 1935 au Salon de l’Oeuvre à Genève. Elle orne le porche de l’église des Brenets. Puis il recevra commande de la paroisse occidentale de Montreux pour son temple : La Foi, l’Espérance et la Charité. Est-ce pour se fournir en émaux vénitiens qu’il fait un premier voyage en Italie?
Le temple de Clarens est consacré le dimanche 31 octobre 1937.Voici ce qu’écrit le pasteur M.  Gardiol : «Au-dessus d’une porte de chêne massif, une belle mosaïque de 5m2, de M. Francis Lecoultre, autre artiste montreusien, étale ses couleurs chaudes et chatoyantes. Trois anges aux ailes déployées  ou repliées symbolisent l’Espérance, la Charité, la Foi. N’est-ce pas sous le signe de ces vertus théologales qu’a été placé notre Temple et nos trois cloches ne portent-elles pas les mêmes noms?»

D’un second voyage en Italie en 1938, Lecoultre rapportera de nombreux paysages au pastel, sa technique de prédilection. Sur son passeport, établi en 1934, la profession «bijoutier» a été biffée, remplacée  par «peintre». A quel moment ce tournant?
A plusieurs reprises, il exposera avec sa sœur Violette, graveuse et orfèvre: Lausanne, mars 1935 ; Vevey, mars 1937; Vevey, septembre, 1942; Lausanne, février 1943;  Le Locle, février 1944; Lausanne, mai 1944. La critique salue les qualités de pastelliste du peintre.
R. de C(érenville) relève: «Les paysages qui nous plaisent le mieux sont ceux du lac; Lecoultre y rend avec subtilité les bleus des eaux et du ciel, les montagnes mouchetées de blanc. Citons le Grammont, de Clarens, les Montagnes de Savoie. Il atteint là cette zone de vérité où une beauté d’essence supérieure plane au-dessus des choses réelles et il l’aborde avec un respect délicat. Nous avons goûté aussi  certains petits pastels où l’artiste a noté la lumière avec vivacité dans des impressions des Tuileries et de la Seine.
Enfin J. F. Lecoultre  nous offre deux belles pages d’architectures italiennes (…) Ce sont là de bons pastels lumineux et solides.»
Parallèlement à son engagement dans l’armée (Service complémentaire) et à sa pratique picturale, le peintre, qui n’a pas cessé de modeler, tente de se faire connaître en participant à des concours fédéraux de sculpture. En 1939, il avait obtenu le 5e prix au Concours pour la décoration de la façade du Théâtre de l’Exposition nationale de Zurich. En 1941, il sera classé 10e sur 75 concurrents au concours ouvert par le Département de l’Intérieur pour un bas-relief destiné au nouveau bâtiment des postes à Berne. Il fera un dernier envoi au concours pour le Monument au Général Guisan, en 1961, puis renoncera.
Dans l’après-guerre, l’élan semble-t-il prometteur de la jeune carrière de J.-F. Lecoultre retombera. Le monde a changé; après la démobilisation, il ne quittera plus Clarens, où il a fondé une famille. Modeste, à l’écart de la vie artistique vaudoise, oublié, diabétique, il ne cesse pourtant pas de modeler, de peindre – des paysages au pastel, technique où il avait excellé.


Collections publiques

Barques latines au port, pastel 19 x 25cm  Musée du Léman, Nyon
Les Rois Mages, mosaïque, Eglise des Brenets
La Foi, l’Espérance et la Charité, mosaïque, Temple de Clarens


Sources

SKL
Dictionnaire biographique de l’art suisse, vol II
L’Abeille, 05.06.1937 : F.-C. Az « Un campanile au bord du Léman »
L’Abeille, 06.01.1940 : P. Casca  «Un pastelliste de ce pays : J.- Francis Lecoultre »